Do a écrit:J'en avais pris note puis... oublié!
Tu nous diras ce que tu en penses ou peut-être même que quelqu'un a déjà un de ces romans.
Je l'ai lu et voici ce que j'en disais en 2009
De nos jours. Jean achète, dans une vente de charité, une copie du tableau de Titien « l’amour sacré et l’amour profane »
Alors, l’enchantement commence et, avec lui, la recherche fiévreuse de son histoire.
« …quelque chose de magique émanait de cette toile, quelque mystère s’en échappait, sombre rayonnement qui me pris de plein fouet, paralysant et exaltant tout à la fois mon esprit et mes sens … »
Cette recherche est le « cadre » de l’histoire, recherche trépidante et tout à fait passionnante … mais sur laquelle je me permettrais de souligner la facilité un rien déconcertante avec laquelle les solutions surviennent … avec la même magie qui émane de la toile. Jean trouve les bonnes archives, Jean clic sur internet, Jean rencontre juste la bonne personne, mais enfin, on lui pardonnera de vouloir arriver très vite à nous conter l’histoire de Laura.
A parte : on se dit en lisant cela que … si les quizz, c’était aussi simple, y' aurait plus qu’à !!!
Revenons en donc à Laura, née Bagarotto, épouse Boromeo, dans cette bonne ville de Padoue, en 1509.
Sur fond de ligue, on s’étripe dans toute l’Italie, Louis, Maximilien, Jules, mais aussi, l’affreux Gritti, et la Palisse et Bayard. Jules hurle qu’il fera de Venise un village de pécheurs, ce à quoi l’ambassadeur Pisani répond qu’alors, Venise fera du pape un curatello. Bref, on s’échange des gracieusetés.
Sur ce, il prend à Gritti l’idée de pendre le père et le mari de Laura. La même nuit, sa mère meurt de froid sur un banc et on la jette d’un coup de pied dans le canal. Laura est emmenée comme prise de guerre par la soldatesque à Venise. On le voit, le siècle ne faisait pas que dans la dentelle de Burano …
De ce point de perspective bas, Laura va se hisser, grâce à sa beauté, son intelligence et sa vaste culture classique à l’enviable place de première cortegiana onesta, puis, retrouvant son statut de patricienne, s’épanouir sous l’or des palais vénitiens.
Et … dans la lumière de son atelier maestro Bellini discute avec Sabellico, le censore della stampa, Tiziano et le grand Giorgio, sur l’échafaudage des Tedeschi, achèvent la peinture à fresco qui le décore, Alfonso, à Ferrare, rêve de canons et d’un festin des dieux. On danse dans les palais, on badine avec Pétrarque, on convoque Plutarque et Sénèque, Virgile et Ovide,
on et Hérodote, on achète ses livres chez Aldo Manuzio.
Et … l’intrigue déroule l’écheveau de sa vengeance.
Un grand roman. Plus de 700 pages, une écriture alerte, une histoire menée de main de maître : suavité cruelle, sensualité, intelligence aigue, violence et douceur, toute la richesse de la vie à Venise en ce début du cinquecento.
Une documentation historique stricte n’empêche pas la liberté créatrice des auteurs, il faudra y donner votre adhésion : la belle Vénus endormie n’est pas de Giorgione qui n’est, d’ailleurs pas mort de la peste, mais d’une fin bien plus belle, le tableau de Jean cache un redoutable secret, le blason de Laura est plus folklorique qu’héraldique, mais ceci est le jeu du roman, et, justement, nous sommes dans un roman !
Un séjour à Venise, c'est une étreinte. François Mauriac