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MessagePosté: 13 Sep 2005 17:53
par Nicole
Entièrement d'accord avec toi Pascal :cry: :wink:
L'épisode du carnaval de Venise 2005 je l'ai vécu en direct et j'en ai été absoulment indignée :evil: :x :twisted:

Quant aux prix exhorbitants des trajets du vaporetto... Surtout sur le grand Canal... :evil:
... Heureusement que la marche à Venise est agréable :D A condition quand même de ne pas être dans la bousculade des "Mercerie" par exemple ou sur San Marco le mardi gras !!!

Re: L'Express. Ah ces touristes!!!

MessagePosté: 14 Sep 2005 17:56
par Nicole
Pascal a écrit:Prendi e fuigi, voilà bien une expression connue des Vénitiens mais d'après un ami qui tient boutique vers San Marco, elle vise surtout les japonais qui visitent Venise en 4h avant de repartir pour Rome ou Florence ou Paris.
Quant au fait qu'il y a trop de touristes qui ne passent qu'une demie journée sans rapporter un sou, il ne faudrait pas perdre de vue que si les Croisières Costa et autres ne venaient pas vomir leur hordes aux portes de Venise, la clientèle serait peut-être différente.
Dépenser en vacances est toujours agréable, se faire essorer systématiquement l'est beaucoup moins. Quand on voit que pour un ticket de Vaporetto sur le Grand Canal même pour deux arrêt il en coûte 5€ pour les touristes alors que les Vénitiens paient 90 centimes ou 1 € je ne sais plus, on apprend à aimer la marche...
D'autre part il ne faudra pas attendre quinze ans pour que San Marco soit fermé sauf ticket d'entrée puisque déjà au carnaval 2005 l'accès aux arcades du Palazzo Ducale était interdit et une amie costumée s'est retrouvée au poste de police pour être passée de l'autre côté des barrières!!!
Je ne m'étendrai pas aujourd'hui sur la prolifération de tags écrit en italien et qui ne sont donc pas le fait des touristes...
Que cela ne nous empêche pas d'apprécier encore Venise, elle se trouve au-delà de San Marco.

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Bravo pour l'humour cher Pascal OK Clap Clap Clap

MessagePosté: 18 Aoû 2007 14:02
par theodicee
En relisant les posts échangés, il apparaît un parallèle étonnant entre Venise et les touristes : de même que l'auteur et ses lecteurs, ils sont inséparables. Vouloir saisir l'un sans considérer l'autre procède d'un certain manichéisme que certains Vénitiens pratiquent volontiers car le chauvinisme et l'esprit cocardier n'ont pas l'apanage d'une région ou d'un continent. La discrimination tarifaire qui atteint dans les transports comme dans les visites de lieux culturels des proportions inégalées (alors que, se trouvant dans l'U.E, Venise devrait être tenue de respecter le principe d'égalité entre les usagers qui prévaut ailleurs) participe de cet esprit détestable bien qu'elle n'en soit pas le seul indice.
La question posée par Douille ne manque pas d'intérêt : Le tourisme de masse a-t-il prolongé un exode des habitants quasi-inéluctable étant donné la disparition d'activités économiques viables et surtout peuplantes ? L'amalgame entre l'incurie des maires de Venise et le personnel politique dans son ensemble en dit long que beaucoup d'Européens se font de la citoyenneté : une rencontre de circonstance sans lendemain. La stigmatisation continuelle du touriste pratiquée avec humour par Stefano tient plus de la résignation qu'autre chose. Quel crédit lui apporter dans les choix en matière d'urbanisme qui se poseront rapidement à Venise ? La grande question est la possibilité pour Venise de vivre en harmonie avec son arrière-pays (Vénétie-Frioul). Est-ce même possible pour une ville qui avait l'habitude de commander plutôt que de traiter d'égal à égal. Au XXème siècle, les grandes évolutions économiques (comme l'aménagement de Porto Marghera, zone industrielle créée à l'initiative du Comte Volpi dès 1917 sur la terre ferme) ont été guidées prioritairement par la prise en considération des intérêts de la Vénétie aux dépens de Venise. C'est avec la terre ferme que Venise doit penser son avenir économique : d'abord en pensant à une péréquation de la manne touristique avec les communes de la terre ferme, ensuite en envisageant une répartition concertée des nouvelles activités économiques porteuses d'emploi et peuplantes.
Le grand danger porté par la dénonciation -teintée de vérité mais aussi de vision à court terme- du tourisme serait le repli de Venise sur elle-même ou au contraire la dévolution de ses intérêts à des colloques internationaux. L'avenir serein de Venise passe d'abord par la réunion de 3 acteurs essentiels qui doivent chacun sortir de leur carcan idéologique et/ou politique pour penser en termes géographiques (échelle, espace, territoire, échanges) : La commune de Venise, la région Vénétie et l'Etat italien.
Rude tâche en vérité mais "à l'échec nul n'est condamné. à l'impossible nul n'est tenu".

MessagePosté: 18 Aoû 2007 14:05
par theodicee
"Lieux mythiques chargés d'histoire, chefs-d'œuvre d'architecture et d'urbanisme, elles marquent de leur empreinte une ville, un pays. Elles sont visitées, admirées, immortalisées, moins souvent racontées"

Concernant la place Saint-Marc, ce chapeau de l'article de "L'Express" est consternant, oscillant entre la banalité "chefs d'oeuvre d'architecture et d'urbanisme" et le poncif "souvent visités, admirées, immortalisées, moins souvent racontées". La bibliographie présente sur ce site ou dans d'autres atteste bien du contraire. Il faudra aussi qu'on m'explique comment un lieu peut-il être "chargé d'histoire" ?

Le plus surprenant est que le corps de l'article est au contraire de bonne tenue, démentant une si fâcheuse entrée en matière. Pourquoi gâter un contenu honorable par un si piètre accompagnement ?

MessagePosté: 18 Aoû 2007 14:35
par theodicee
Cet article omet quelques points qui font mal, comme le passage d'un tourisme aristocratique (dont Henri de Régnier, Marcel Proust , Paul Morand ) à un tourisme de masse qui dissout les différences et noie les territoires sous le flot/le flux des échanges. Ce tournant a eu lieu bien avant les dates citées dans cet article, dans les années 1950. Autre sujet de réflexion : Venise connaît des problèmes démographiques qui atteignent, quoi dans d'autres modalités, les grandes métropoles européennes. La cherté du foncier à Londres intra-muros ou à Paris intra-muros chasse ses populations issues des couches populaires et moyennes qui, pour être industrieuses, n'ont plus les moyens financiers de rester au centre et doivent émigrer en banlieue.
L'avenir de Venise passe véritablement par un dépassement d'une problématique purement historique grâce à un véritable examen géographique. Ici comme dans beaucoup d'autres exemples, la géographie n'est plus l'auxiliaire mais la devancière de l'histoire. Ce n'est pas le moindre des mérites de Braudel et de sa "géohistoire" de l'avoir compris [son livre sur la Ville accompagné des photos de Filipo Quilici est tout simplement admirable].

MessagePosté: 18 Aoû 2007 14:36
par theodicee
Mais qui sait ? Peut-être un cercle vertueux pour Venise et la Vénétie va-t-il s'engager, loin des tentations séparatistes, autonomistes ou tout simplement misanthrophes ?

MessagePosté: 19 Aoû 2007 11:05
par douille
quoi qu'il arrive on est mal placés pour les critiquer...

MessagePosté: 19 Aoû 2007 15:35
par theodicee
Au sens que le mot "critiquer" revêt souvent, celui de blâmer, de s'ériger en censeur, j'ai envie de vous répondre que la vocation de l'historien ou du témoin n'est pas d'apporter un jugement moral sur les événements auxquels il assiste mais de les comprendre, ce qui suppose une certaine distance avec l'objet traité.
C'est ici que la sémantique de ce mot est plus riche : si l'on adopte une attitude moins affective et beaucoup objective, on agit comme un critique, c'est-à-dire comme un observateur nuancé.
Le troisième sens est beaucoup plus daté : critiquer est l'activité traditionnelle des critiques d'art ou littéraires, dans la mesure où ils recensent, décrivent et établissent des liens entre les oeuvres de l'esprit humain (livres, oeuvres d'art...).

L'absence prolongée peut apporter une certaine justesse : après tout, le voyageur vénitien le plus célèbre n'est-il pas Marco Polo ?

MessagePosté: 19 Aoû 2007 18:46
par Eliane
theodicee a écrit:Le troisième sens est beaucoup plus daté : critiquer est l'activité traditionnelle des critiques d'art ou littéraires, dans la mesure où ils recensent, décrivent et établissent des liens entre les oeuvres de l'esprit humain (livres, oeuvres d'art...).


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ouh là là... Reflechi trop compliqué pour moi, tous ces sens... je passe !!!

MessagePosté: 19 Aoû 2007 18:49
par douille
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MessagePosté: 19 Aoû 2007 21:04
par theodicee
Quand on qualifie un mot de "daté", cela indique qu'il est de moins en moins employé dans ce sens. Une oeuvre datée a été remplacé par d'autres plus modernes et plus adaptées.
Un critique littéraire ou un critique d'art au sens plein du terme doit expliquer une oeuvre dans toutes ses composantes (autant de forme que de fond) : en souligner les apports comme les limites.
En clair, le sens actuel le plus courant du verbe "critiquer" (défendre une position contraire) est une réduction très importante du sens originel de ce terme (donner de l'oeuvre le commentaire le plus large et le plus profond possible).