Venise à la maison

[fabrice]

Venise ça se regarde mais ça s'écoute aussi. Giuseppe Verdi l'a admirablement compris dans son opéra Otello.
Ce qui est frustrant c'est qu'il n'y a pas un enregistrement qui surpasse les autres mais il en existe deux.

Soit vous optez pour celui de Toscanni, enregistré dans les années 30, et vous avez une sublime version sauf que les chanteurs sont un peu à la ramasse. Bien entendu il y a Ramon Vinay en Otello qui tente de sauver les meubles... mais à part un orchestre mis en transe par Toscanni le reste ne suit pas.

Soit vous optez pour celui de Serafin, enregistré dans les années 60. Sérafin chef d'orchestre sans génie se contente de suivre la partition de Verdi. Mais l'admirable de cet enregistrement ce sont les interprètes. Jon Vickers en Otello boulversant, Leonie Rysanek en Desdémone déchirante de vérité qui ne comprend pas pourquoi Otello la soupçonne d'être infidèle et Tito Gobbi , le méchant de l'histoire incarne un Iago emplit de haine qui ne souhaite que la perte de Otello... et y parvient.

[labeuquette]

merci Fabrice, on sent à vos propos un passionné de l'art lyrique ; mais faut-il remonter aux années 30 ou 60 pour vraiment trouver les joyaux du domaine... si oui, quel dommage ! Imaginez ces enregistrements avec les moyens techniques actuels... cela aurait été certainement divin, me trompe-je ? Les chanteurs actuels auraient-ils (elles) perdu de leur superbe et/ou talent à cause des ces techniques numériques ? Je ne sais que penser...

[fabrice]

mais faut-il remonter aux années 30 ou 60 pour vraiment trouver les joyaux du domaine... si oui, quel dommage !

Oui c'est ce qui est paradoxal avec l'art lyrique, les moyens techniques actuels dont disposent les studios d'enregistrement permettent de remarquables choses, proches de la perfection sonore. Non pas qu'il n'y a plus de grands interpretes, de grands chefs d'orhestre ou de très grands orchestres mais quelqu'un comme Karajan a introduit dans le système le pernicieux du classique qui rapporte de l'argent. Au sortir de la guerre, Karajan a enregistrer des disques sublimes, puis il a mis en place un système que toutes les maisons de disque ont perpétré : fabriquer des disques le plus rapidement possible. Les chanteurs passent plus de temps dans un avion que de temps à penser, à réfléchir à un enregistrement et la qualité s'en ressent.

Prenez un opéra de Verdi comme la Traviata. Il en existe une multitude de versions, il suffit pour s'en rendre compte d'aller dans un Virgin ou Fnac. Pour autant, il n'en existe qu'une seule version qui après son écoute vous laisse un goût d'inachevé pour le reste de la production ; c'est la version enregistré à la Scala en 1955 avec la Callas. Le son est en mono et d'une qualité très discutable pour autant Callas y est boulversante de vérité.

Dernier exemple, le chef d'orchestre allemand Furtwangler a enregistré en 1932 le premier acte de la Walkyrie à Londres. En plus du son mono bien pourri, c'est presque inaudible et pourtant les bribes qui en ressortent sont extraodinaires, un niveau d'intensité qui laisse pantois. A tous ceux qui me disent qu'ils détestent Wagner, je leur fais toujours écouté mes vieux machins en mono et ils changent d'avis

Allez j'arrête je pourrais en parler pendant des heures...