Monteverdi sur Mezzo

[Marianne]

La chaine Mezzo diffuse un opéra de Claudio Monteverdi, ce dimanche 02 août 2009 à 17h00.

Il s'agit du Couronnement de Poppée.
Cet opéra, en 3 actes, a été enregistré au Festival de Glyndebourne en 2008, et, dure environ 3h00.

The Orchestra of the Age of Enlightenment est dirigé par le chef Emmanuelle Haïm.

Interprétes :
Poppea : Danielle de Niese ;
Nerone : Alice Coote ;
Fortuna : Sonya Yoncheva ;
Virtù : Simona Mihai ;
Amore : Amy Freston ;
Ottone : Christophe Dumaux ;
Arnalta : Wolfgang Ablinger-Sperrhacke ;
Ottavia : Tamara Mumford ;
Drusilla : Marie Arnet ;
Seneca : Trevor Scheunemann ;
Littoe/Tribune/Familiari : Patrick Schramm ;
Nutrice : Dominique Visse ;
Damigella : Claire Ormshaw ;
Valletto : Lucia Cirillo.

Mise en scène : Robert Carsen ;
Décors : Michael Levine ;
Costumes : Constance Hoffman.

[Marianne]

Résumé :
Monteverdi a composé le Couronnement de Poppée (en italien [i]l'Incoronazione di Poppea[/i]) à l'âge de soixante-quinze ans, même si certains spécialistes lui contestent la paternité de cette oeuvre.
Le livret de Busenello s'inspire des Annales de Tacite et célèbre les amours de l'empereur Néron et de la courtisane Poppée.
Le prologue présente Fortune et Vertu se disputant la primauté sur les humains, et s'inclinant finalement toutes deux devant la suprématie de l'Amour.
Néanmoins, l'amour célébré ici n'est ni l'amour idyllique d'Orphée et Eurydice, ni l'amour conjugal d'Ulysse et Pénélope : il s'agit de l'amour dans ce qu'il a de plus absolu, celui qui ne recule pas devant le crime pour parvenir à ses fins.
D'adultère et cachée, la liaison de Néron et Poppée deviendra officielle à la fin de l'ouvrage, une fois écarté tout ce qui pourrait l'entraver, à commencer par les époux respectifs (l'impératrice Octavie et le prêteur Othon) et le philosophe Sénèque qui, en qualité de conseiller de l'empereur et d'ancien précepteur, lui demande de revenir à Octavie.

Conformément aux règles de l'opéra vénitien de l'époque, ce dernier pratique avec un rare bonheur le mélange des tons et des genres, avec une liberté qui n'est pas sans évoquer Shakespeare.
La bouleversante mort de Sénèque, à qui Néron a donné l'ordre de se suicider, est par exemple immédiatement suivie d'une scène très légère de badinerie amoureuse entre Valetto, un petit page (écrit pour jeune castrat) et Damigella (soprano), sorte de reflet comique du couple Néron-Poppée.

La typologie vocale des personnages est par ailleurs fondamentale : au soprano de Néron s'oppose le contralto du veule Othon, tandis que les deux rivales sont toutes deux sopranos, dans des tessitures comparables. La voix un peu sentencieuse de la philosophie, incarnée par le vieux Sénèque, est une basse profonde, tandis que les nourrices de Poppée (Arnalta) et d'Octavie (Nutrice) sont ténors.
À l'ambivalence morale - les criminels sont sincères dans leur amour, et les victimes ne sont pas exemptes de fautes -, répond l'ambiguïté des sexes (nombreux travestis et castrats) et les décalages de ton.
Ainsi, au rôle bouffe d'Arnalta est dévolue la berceuse admirablement poétique " Oblivion soave ".
De même, Octavie, si peu sympathique par ailleurs, au point d'inciter Othon à assassiner Poppée, est d'une grande dignité dans ses complaintes d'épouse trahie (" Disprezzata regina "), comme dans ses adieux à Rome quand la sentence de la condamnation à l'exil est prononcée
(" A Dio Roma ").
Mais le plus admirable est sans doute le duo final Néron-Poppée " Pur ti miro " où les deux voix de soprano s'entrelacent et se répondent avec une troublante sensualité, que ne permet pas de rendre une voix de ténor, comme cela est devenu l'usage pour la voix de Néron.