6 décembre : L’histoire secrète du Père Noël
(Vincent Cuvellier et Sébastien Mourrain - Edition Milan Jeunesse)
Il était une fois, il y a très longtemps, le Père Noël n’existait pas encore. Le 24 décembre, après un repas de fête, les enfants mettaient leurs vestes bien chaudes et leurs bonnets de laine, et sortaient dans la nuit et le froid.
Ils traversaient les forêts et les prairies pour aller à l’église pour y suivre la messe de minuit.
En rentrant, ils suspendaient leurs chaussures mouillées devant la cheminée, puis s’endormaient auprès du feu crépitant.
Cette nuit là , Léon faisait les 100 pas dans sa geôle. Il avait été emprisonné il y avait maintenant 10 ans pour avoir volé un pain. Pour passer le temps qui était bien long en prison, il sculptait des petits animaux en terre : un cheval, un cerf, un renard…ces animaux qu’il aimait tant regarder dans les bois quand il était libre. Léon était vraiment très doué.
Cette nuit-là , Léon n’arrivait pas à dormir. Il allait s’évader. Son baluchon était prêt. Il y avait soigneusement rangé ses petites sculptures.
Il s’assit un moment, chantonnant à la façon d’un loup qui se lamente parce qu’il est prisonnier.
Le gardien l’a entendu, et arrive en courant, tenant une matraque. Mais à peine est-il entré dans la geôle de Léon, que celui-ci l’assomme et lui prend son trousseau de clés, ainsi que son long manteau de laine rouge qui le protègera de ce froid glacial dehors.
Heureusement, les autres gardiens n’ont rien entendu, et, occupés à jouer aux cartes, n’ont même pas fait attention quand il est passé devant la porte des mess où ils sont installés. Léon n’a plus qu’une grille à dépasser et c’est la liberté ! Ca y est, il est dehors. La neige crisse sous ses pas. Il se met à courir de peur que l’alarme soit lancée. Dans son baluchon, ses petites sculptures s’entrechoquent dans un joyeux tintement.
Léon arrive près d’une petite maison collée à la montagne. Ca sent bon la soupe et il doit y faire bien chaud. Léon frappe à la porte. Un tout petit curé lui ouvre la porte et l’accueille dans sa demeure, sans porter attention aux vêtements sales de prisonnier de Léon, ni à sa barbe de 3 jours, ni à son manteau trop grand.
- « Je suis le Père Mirabelle, dit le petit curé. Asseyez-vous, je vais vous servir une assiette de soupe, vous semblez transi. »
Léon déguste sa soupe avec délectation. Ca fait des années qu’il n’a rien mangé d’aussi bon. Il remercie le petit curé, et s’apprête à partir lorsque celui-ci le retient.
- « Où voulez-vous donc aller par ce froid terrible ? Restez donc cette nuit, bien au chaud, et demain vous partirez avec un bol de soupe et le pain que j’ai laissé sur la table» dit le petit curé.
Léon est surpris car ça fait bien longtemps qu’on ne l’a pas traité aussi gentiment.
C’est le petit matin. Il fait encore nuit dehors, mais Léon veut s’éloigner le plus vite possible. Il prend le pain, un bol de soupe et s’apprête à partir quand il voit une boîte blanche sur le rebord de la cheminée. Il l’ouvre et y découvre une superbe bague. Tant pis pour le curé ! Léon prend la bague et la glisse dans sa poche et s’en va dans la nuit sans faire de bruit.
Quelques heures plus tard, Léon s’était fait prendre par les gendarmes. Ils l’emmenèrent chez le Père Mirabelle car Léon leur avait affirmé que le Père Mirabelle lui avait offert la bague qu’il avait dans la poche.
- « Mon Père, cet homme dit que vous lui avez offert cette bague, est-ce vrai ? » dit le gendarme.
- « Bien sûr mon fils ! et toi, mon fils, en partant, tu as oublié de prendre les vêtements chauds que je t’avais préparés. Avec ce froid, ce n’est pas très sérieux… »
- « Mon Père, on peut vous laisser cet homme alors ? » dit le gendarme.
- « Bien sûr mon fils ! »
Léon mit les vêtement que le petit curé lui tendait et enfila son manteau rouge.
- « Mon Père, je… », dit-il.
- « Ne dis rien, mon fils ! Pars maintenant, et penses à moi de temps en temps, ça me suffira, quand tu dégusteras des mirabelles par exemple !! »
Léon le regarda en souriant.
Le petit curé ajouta :
- « Gardes bien précieusement cette bague, elle a des pouvoirs magiques. Elle te guidera vers le plus précieux des trésors. »
Léon n’en revient pas. Le petit curé lui a donné la clé d’un fabuleux trésor !!!
Il s’éloigna alors d’un pas léger.
Léon regarde la bague qui le conduira vers un trésor. Mais soudain une pie, surgissant du néant, vient lui voler la bague.
La pie se pose sur un toit. Léon s’élance à sa poursuite et grimpe sur le toit. Il y est presque, il va la rattraper, quand soudain la pie s’envole, mais laisse tomber la bague dans la cheminée !
Léon attache son baluchon sur ses épaules et descend l’échelle dans la cheminée, mais soudain un barreau craque et badaboum !!! Léon tombe dans les cendres de la cheminée.
Il se frotte les yeux pour enlever la suie et voit 2 enfants regarder dans son baluchon qui s’est ouvert pendant la chute.
- « Ouah !!! t’as vu, dit un petit garçon, il y a un superbe cheval »
- « Et là un cerf, puis un loup ! » dit la petite fille
- « Il y a même un renard. Qu’ils sont beaux tous ces animaux !!! » dit le petit garçon.
Léon observe les enfants, fier que ses sculptures leur plaisent tant. Il ne pense même plus à la bague.
La petite fille s’approche de lui.
- « C’est toi qui a fait tous ces animaux ? »
- « Oui »
- « Tu nous les donnes ? »
- « Bien sûr, ce sont vos cadeaux de Noël pour toi et ton frère. »
Les enfants sont ravis. Léon se lève et retire ce qu’il reste de suie sur ses vêtements.
- « T’es drôle, t’es tout rouge ! » dit le petit garçon.
- « Je m’appelle Léo, et ma sœur, c’est Léa, et toi, tu t’appelles comment ? »
Léon réfléchit. Il ne veut plus être l’homme qu’il a été jusque là , et décide d’inverser les lettres de son nom.
- « Je m’appelle Noël. »
- « Merci Noël » dirent les enfants en chœur et l’embrassant tendrement.
Noël, émut, prit une grosse voix pour ne pas montrer son émotion.
- « Je dois vous laisser maintenant, j’ai un très long voyage à faire, mais je vous promet de revenir »
- « Mais quand reviendras-tu ? »
- « Même jour, même heure l’année prochaine, ça vous va ??? Au revoir les enfants ! »
- « A l’année prochaine Noël »
Et Noël repartit par là où il était venu : la cheminée.
C’est alors qu’il se rappela qu’il avait perdu la bague.
La pie attendait le retour de Noël, postée sur une autre cheminée.
- « Merci » lui dit Noël
La pie s’envole.
Noël écoute une dernière fois les rires de Léo et Léa qui jouent avec ses petites sculptures.
Puis, il redescendit du toit, et commença un long voyage vers le Nord.
Et chaque année depuis cette veille de Noël, il revient au grand village.
Sa barbe a bien poussé. Maintenant, il travaille toute l’année à fabriquer des petits animaux en argile et en bois dans sa cabane dans les forêts enneigées du grand Nord. Et, après un long périple en traîneau, il vient les distribuer la nuit de Noël aux enfants du village, en commençant bien entendu par la maison de Léo et Léa.
Et là , du haut des toits, il voit ces milliers de cheminées et se dit :
- « En rentrant chez moi, je m’assiérai au coin du feu et mangerai une bonne part de tarte aux mirabelles ».
Et comme le lui avait promis le petit curé, il avait enfin trouvé le plus fabuleux trésor : la joie des enfants !
Demain, une nouvelle histoire...