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Margelles de puits de Venise

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                                                                               Vere da Pozzo di Venezia       

 
 
Bien qu’il y en ait « plein les rues » Venise est une ville sans eau... Sans eau douce bien entendu. Les Vénitiens ont donc résolu le problème de leur approvisionnement en enterrant des citernes
où ils recueillaient l’eau de pluie. En période sèche des barges les remplissaient en apportant de l’eau de la terre ferme.
 
En dehors de certains puits du Lido ceux de Venise sont donc des puits non artésiens qui jalonnent les places et les cours des palais.
Leurs margelles, toutes différentes, sont un élément architectural primordial de la ville et un patrimoine sans égal.
 
En 1858, le recensement de 1'Ufficio technique municipal de Venise indiquait 6046 puits privés dans les cours d’immeubles et les palais, 200 puits publics sur les places et 556 puits déjà comblés.
 
La citerne, profonde de cinq mètres environ et aux parois d’argile imperméable (épaisseur de 50 à 60 cm au fond et 30 sur les cotés), collectait et filtrait l’eau de pluie apportée par des trous
dans le pavage appelés pilele. L’eau se purifiait au passage de différentes couches de sables et graviers et remontait dans le conduit central sur le principe des vases communicants.
                                                                        
L’utilisation des puits était sévèrement réglementée et les puits publics étaient ouverts deux fois par jour.
Ils étaient placés sous la responsabilité d’un chef de Contrada (subdivision administrative qui se calquait en gros sur la paroisse) qui en détenait les clés et surveillait la qualité et la quantité.
 
Certaines places ont été surélevées pour éviter l’introduction d’eau saumâtre par les pilele  lors des épisodes d’acqua alta. Pour les autres on évitait la contamination en bouchant à l’argile molle les orifices.
La base des margelles présente souvent un petit abreuvoir: Vers la fin du Settecento une mesure de la République les rendit obligatoires pour abreuver chiens, chats et pigeons
 
Aujourd’hui la plupart des puits ne sont plus utilisés. Beaucoup sont même comblés. Depuis 1884 un aqueduc assure la conduction des eaux des puits artésiens de la terre ferme et remplace le système
de recueil des eaux de pluie.
Il subsiste leurs margelles, de la plus sobre à la plus sophistiquée, de toute forme et de tout style, décorées ou non, revêtues souvent d’un blason, marque de la famille donatrice.
 
Le nombre de ces Vere da Pozzo est difficile à cerner. Beaucoup ont disparu car en simples briques ou ont été vendues, certaines volées.  
Les Vere da Pozzo privées n’ont pas été récemment recensées à notre connaissance.
Coté public leur nombre évolue car de nombreuses corte privées sont maintenant accessibles et des parcs privés deviennent publics.
 
Alberto Rizzi, auteur en 1992 de l’ouvrage de référence Vere da Pozzo di Venezia*, en a dénombré 232 accessibles au public (dont 187 margelles faites en pierre d’Istrie et 43 en marbre de Vérone).
Pour notre part nous en avons compté 243 dans le centre historique, compris Giudecca, en 2010. 
 
Les margelles les plus anciennes sont de simples fûts ou des chapiteaux de colonnes romaines évidés au centre.
Toutes se découvrent au long des promenades ou à la faveur d’une porte heureusement entrouverte…
 

Vous trouverez sur les plans interactifs de Venise  de  La Sérénissime de nombreuses photos localisées de puits dans la ville.

Traquez les ronds rouges…

 

*Alberto Rizzi, Vere da pozzo di Venezia / The Well-Heads of Venice, édité en anglais et italien, Stamperia di Venezia - 1992 (ISBN 8885084095). Réédité aux Éditions Filippi en 2007.