Le Comte nous a quitté... Rendons lui hommage... |
Voici l'article du Gazzetino paru le 15 juillet 2008, traduit par Gilbert Barles
***
Dimanche dernier s’est éteint à l’hôpital Santi Giovanni e Paolo, Emile Targhetta d’Audiffret, prieur honoraire de la Compagnie de Calza « I Antichi ». |
Le comte avait 94 ans. A ses côtés le fidèle Michele qui pendant tant d’années l’a entouré et accompagné. |
Son amie Sandra « Donna Lucrezia » qui représentait la Compagnie de Calza a écrit dans un communiqué sur la perte du plus brillant représentant de la Venise cosmopolite, |
et « serenessima » aristocratiquement exhubérante qui n’a jamais cédé à la prédominance de la vulgarité d’aujourd’hui.. |
Né à Nice d’une noble famille italo-française, le comte Emile partageait son temps entre son palais des Fondamente Nuove, dans cette ville qu’il avait choisi comme son lieu d’élection |
et sa maison de San Remo, où, particulièrement durant les dernières années il se retirait pour échapper aux frimas de l’hiver. |
Esprit d’une grande amabilité, ironique et joyeux, c’était un artiste génial et de grand talent. Peintre « vedutista » à la manière des maîtres du XVIII ° siècle vénitien, |
décorateur raffiné des intérieurs des palais, il avait confectionné, entièrement à la main, une collection magnifique de costumes d’époques et de mirobolants manteaux inspirés des ambassadeurs, |
des empereurs ainsi que des grands personnages de l’histoire, du Roi Soleil à Napoléon Bonaparte. |
Il aimait les revêtir surtout à l’occasion des fêtes et spectacles du carnaval vénitien quand ses très originaux personnages peuplaient les ruelles et les places, |
envahissaient les loges du théâtre de La Fenice et les petits divans du Café Florian qu’il adorait. |
Son incomparable imagination avait inspiré quelques unes des inventions les plus réussies de la « Compagnie degli Antichi », comme celle des jumeaux de Casanova. |
Dans sa jeunesse il fut également acteur et avait participé à de nombreux films en costume. |
Très renommé à Venise, il était vénéré à Paris comme une icône. |
Récemment le Figaro Magazine avait consacré sa couverture et les pages centrales où sa vie était illustrée. |
Il incarnait à la perfection cet esprit aristocratique de la Compagnie de Calza qui savait s’intégrer complètement avec l’âme populaire des « Antichi », |
où le noble regagnait la place St Marc à côté du gondolier, l’avocat avec le boucher. |
« C’est une perte grave et douloureuse » commentait le Grand Prieur Bob R White Bianchin, non seulement parce que le Comte Emile était un personnage unique et inimitable, mais, |
parce qu’il nous a aussi beaucoup apporté par la qualité de sa personne et de son sens artistique. Nous conserverons de lui, ses histoires, ses anecdotes, ses façons de les raconter et son immense leçon de civilité. |
Les funérailles se dérouleront demain à 11 heures dans la basilique Santi
Giovanni e Paolo et seront célébrées par le père Angelo.
|
***
"J'étais à Venise au moment où j'ai appris cette nouvelle qui
m'a attristée. Nicole
|