Venise à double tour.
À côté d'une Venise de l'évidence se cache une Venise inconnue, celle des églises jamais ouvertes. Jean-Paul Kauffmann a voulu forcer ces portes solidement cadenassées, un monde impénétrable où des chefs-d'œuvre dorment dans le silence. Qui en détient les clefs ? Ce récit, conduit à la manière d'une enquête policière, raconte les embûches pour se faire ouvrir ces édifices.
L'histoire est partie d'une église d'Ille-et-Vilaine où, enfant, l'auteur servait la messe. Il s'y ennuyait souvent, mais, dans ce sanctuaire, il a tout appris. Là , est née la passion de se voir livrer le secret de la chose ignorée ou défendue. Il a poursuivi cet exercice de déchiffrement à Venise, la ville de la mémoire heureuse, pourtant attaquée sans relâche par le tourisme mondialisé.
Depuis un appartement de la Giudecca où il s'est installé pendant des mois, il a arpenté une Venise hors champ. Il a trouvé aussi ce qu'il ne cherchait pas.
Venise à double tour est un livre sur le bonheur de voir et la jubilation dispensée par la ville qui exalte les cinq sens. On y croise, parmi d'autres, Jacques Lacan, Hugo Pratt, une belle restauratrice de tableaux, une guide touristique souveraine, un cerf blanc, le propriétaire d'un vignoble vénitien et un Grand Vicaire, maître de l'esquive.

Autant le dire tout de suite, j'ai littéralement adoré ce livre.
Dès la seconde page:
"Quand j'ai franchi le pont de la Liberté ... j'ai senti les larmes me monter aux yeux. La ville aux cent clochers a surgi dans la brume. Je suis à Venise. Henry James affirmait que le fait seulement d'écrire ou de prononcer le mot Venise était déjà en soi une source de volupté".
Avec une telle entame, comment ne pas adhérer ensuite au livre tout entier !
J'ai tout aimé et particulièrement son approche très sensible de Venise, une façon de la voir et de la ressentir si proche de la mienne que c'en était troublant. En fait, pas une phrase qui ne m'ai fait frémir !
Le livre raconte l'histoire d'une quête, celle des églises closes, de leur mystère, de la présence qui les habite, une quête spirituelle.
Il finira, après bien des déboires, par entrer dans bon nombre d'entre elles où "il flotte dans l'air une intériorité spirituelle".
"C'est bien la fermeture qui m'obsède. Je suis à la recherche de signes bruts et silencieux"
"Venise bouscule les attentes et réserve ailleurs des surprises à ceux qui les cherchent"
https://www.la-croix.com/Culture/Livres ... 1201005544
Un enchantement de chaque instant.