Ce rituel fut répété avec faste par tous les autres doges et après la cérémonie des épousailles, la journée était consacrée aux banquets publics.
Pendant des siècles l’Ascension fut célébrée un jeudi puisque selon la liturgie elle était fixée 39 ou 40 jours après le dimanche de Pâques, mais aujourd’hui, en Italie, en raison de la loi 54 du 5 mars 1977 , elle a lieu le 7ème dimanche après Pâques…..

A l’Ascension et aux trois jours qui la précèdent, sont liés des rites de protection des semences et des récoltes.
Le proverbe dit :
«Se piove el di de la Sensa par quaranta di no semo sensa e se perde la seménsa» (vénitien )
«Se piove il giorno dell'Ascensione continuerà a piovere per quaranta giorni e si perderà la semente»(italien)«
S’il pleut le jour de l’Ascension, pendant quarante jour il pleuvra et la semence se perdra » rendant ainsi vain le travail du paysan et perdues les céréales ensemencées.
Pour implorer la bénédiction du ciel, les paysans du Veneto fabriquaient de petites croix en bois agrémentées de fleurs fraîches

Un autre proverbe dans le même esprit mais plus gourmand est lié à cette fête !
«A la Sensa se magna la codeghina (o la langoa) o se perde la semansa»
Ce dicton impose de manger en ce jour de fête : une langue de cochon roulée dans de la pâte de saucisson la codeghina (en vénitien) cotechino (en italien), sous peine de ne pouvoir élever les années suivantes le cochon familial.

Dans toute la Vénétie, aux champs comme dans les familles, on célébrait le jour de l’Ascension l’avènement de la nouvelle année agraire.
Le plat traditionnel familial est donc cette langue, recouverte de pâte de saucisson, tassée soigneusement sans laisser de bulles d’air dans un boyau large et long (manega), lié serré par de la ficelle.
- Piquer le cotechino avec une grosse aiguille (pas avec une fourchette qui ferait éclater le boyau), le ficeler dans un linge et le cuire lentement pendant 2 h dans un bon bouillon
Commencer la cuisson à froid.
- En fin de cuisson, l’enlever de la cocotte et le garder au chaud dans un peu de bouillon.
- Faire cuire des tagliatelles dans le bouillon restant
Servir ensemble
«taidele col codeghina e xè na bonta»
«tagliatelle et cotechino, un régal !!!»
Si vous ne trouvez pas de cotechino chez un traiteur italien, vous pourrez sacrifier à la tradition avec la recette suivante :
Il vous faudra :
Pour la sauce cren :
6 cuillerées à soupe de radis noir, épluché, gratté, râpé fin – 1 pomme verte râpée finement – 1 cuillerée à café de sucre – 4 cuillerées à soupe de vin blanc sec ou de jus de citron fraîchement pressé- quelques larmes d’huile.
- Bien mélanger tous les ingrédients, ajuster l’assaisonnement au goût, adoucir avec du sucre ou 2 cuillerées de crème fraîche.
Pour la viande :
800 g de langues de porc – 1 carotte – 1 oignon – 1 branche de céleri (ou plus selon le goût)
- Nettoyer soigneusement les langues, les déposer dans un bouillon froid bien aromatisé, porter à petite ébullition et cuire pendant une heure.
- Dans une autre cocotte, porter les légumes à ébullition puis y transférer la viande et laisser cuire une heure encore.
- Eplucher les langues, les découper en tranches fines et les accompagner de sauce cren.
Servir avec des tagliatelles cuites selon la tradition dans le bouillon ou avec des épinards.
