
Un vent de Venise, la Cité des Doges, a soufflé sur l’église Saint-Joseph (USJ) où ont officié les « I solisti veneti » placés sous la houlette du maestro Claudio Scimone. Art de la musique baroque surtout, grâce à la collaboration conjuguée de l’Institut culturel italien au Liban et du Conservatoire national supérieur de musique. Un monde sonore tout en tonalité feutrée et élégante avec des pages de Vivaldi, Torelli, Cimarosa et une note soyeuse pour une impalpable mélodie de Rossini, ainsi que les trémolos du plus sorcier des violonistes, Niccolo Paganini. Avec dix bonnes minutes de retard sur l’horaire annoncé, des rajouts, des suppressions et des inversions dans l’ordre des opus du menu inscrit sur les cartons d’invitation. On ne boude certes pas le plaisir d’écouter ce prestigieux ensemble, mais un programme annoncé est quand même un certain conditionnement….
Ouverture donc avec le Concerto en ré majeur pour trompette et cordes de Guiseppe Torelli, qui a précédé de peu Vivaldi et qui, pour certains esprits avisés, l’a même influencé, à la fois organiste à Bologne et auteur de nombreuses cantates. Noblesse de style, sans perdre de vue un certain sens de la virtuosité dans cette narration aux tonalités cuivrées et pimpantes. Le soliste Roberto Rigo a tous les accents convaincants pour cette prestation où l’air jailli du métal luisant et doré se mêle subtilement aux silences des vieilles pierres de l’église illuminée et remplie jusqu’aux derniers bancs.
Pour prendre le relais, un opus pour mandoline et cordes de Vivaldi d’une délicieuse fraîcheur, notamment ce largo cristallin, délicat, mélodieux et tendre sous les doigts du soliste Ugo Orlandi, maître absolu dans l’art de pincer avec dextérité les cordes.