Pour la petite histoire, ce quartier, l’un des plus anciens de Venise, était autrefois habités par des pêcheurs misérables et des artisans, les Nicolotti. Ils avaient leur propre drapeau, leur propre Doge (qui, une fois élu, il se rendait au Palais des Doges et recevait une accolade fraternelle du Doge de Venise).
Sur ce petit campo calme se dresse la petite église de San Nicolo dei Mendicoli (ou Mendigoli).

Rappel historique :
D’inspiration byzantine, cette petite église date du VIIème siècle, construite, sans doute par des Padouans de passage qui fuyaient les hordes lombardes . Elle fut remaniée à plusieurs reprises : XIIème, XVIIIème siècles, entre autres.
Un jour, un curé, nommé Giovanni Zaniol, fit faire des travaux de restauration pour un prix colossal. Ce pauvre curé, qui n’avait, semble-t-il, pas de fortune, fut calomnié car tout le monde se demandait où il avait bien pu se procurer tant d’argent, et traîné devant un tribunal où il refusa de se disculper. La petite histoire dit que le curé aurait découvert une tombe dans le campanile dans laquelle se trouvait un coffret plein d’or et d’argent.
C’est ce curé qui fit mettre les 3 statues de la façade.
La façade :

Détail de la façade

Statue de la Vierge, avec la mention, aujourd’hui disparue, « Sine labe concepta » (qui était sensé prouvé l’innocence du curé calomnié)

Statue de St Antoine de Padoue, avec la mention, aujourd’hui également disparue, « Si queris miracula »

Statue de St Jean Népumocène, avec l’inscription aujourd’hui effacé par le temps « Dixit secretummeum mihi »

Le campanile date de 1100, et à son sommet une petite fenêtre tournée vers la lagune pour surveiller le retour des bateaux de pêche.
L’intérieur :
Le chœur, une statue dorée de St-Nicolas est datée de 1767. Sur ses genoux, sont posés 3 sphères d’or qui représentent les sacs d’or offerts par le Saint à 3 jeunes filles destinées à la prostitution qui purent ainsi se marier (voire la « Divine Comédie » de Dante où cette histoire est relatée).


La nef centrale richement décorée est dédiée au Christ et à St-Nicolas. Les ornements en bois datent de la fin du XVIème siècle et sont attribués à Antonio de Zuane et au doreur Baldissare de Velmo. Les tableaux relatant la vie de Jésus sont de Alvise Benfatto, entre autres.

On doit le superbe plafond au talent de Leonardo Corona, et pour la partie centrale à Francesco Montemezzano. Il est dédié à St-Nicolas qui était le St patron des marins et des pêcheurs Nicolotti.

Partie centrale du plafond.

Lorsque nous avons visité cette superbe église, l’organiste répétait « l’Aria » de Bach. Un pur plaisir…

Petite chapelle latérale datant du XIXème siècle avec une statue de la Vierge en adoration et un plafond représentant des anges avec les emblèmes de la passion et le cœur du Christ et de Marie (œuvres d’anonymes).
Voilà , la visite est terminée. A noter que cette superbe petite église est ouverte au public librement. J’espère que la balade vous a plu, qu’elle vous a donné envie de découvrir ce petit bijou ou de le redecouvrir…